Soirée film-débat CNP « Luttes de l’immigration et des quartiers : mémoire et actualité »

Jeudi 28 mai à 20h00, le Collectif D’ailleurs Nous Sommes d’Ici 37, la CIMADE, le NPA et le CNP proposent la soirée film & débat aux Studio cinémas, 2 rue des Ursulines à Tours : « Luttes de l’immigration et des quartiers, mémoire et actualité« .

Pour diffuser, inviter ses contacts et s’inscrire à l’événement sur Facebook : https://www.facebook.com/events/811528208915412/

Affiche CNP 28 mai Memoire luttes immigration QPEn 1983, sur fond de tournant néo-libéral et d’envolée du chômage de masse, tandis que les pères ouvriers immigrés luttaient déjà pour leur dignité, toute une jeunesse confrontée aux crimes racistes et aux violences policières se mettait en Marche pour l’Égalité, contre le racisme. Convergence 84, la suite motorisée de cette mobilisation, scandait l’année suivante : « La France c’est comme une mobylette, pour avancer il lui faut du mélange ». Ces temps forts de luttes de l’immigration et des quartiers populaires parfois provisoirement victorieuses mais souvent trahies, restent aussi trop méconnus. Pourtant, n’ont-ils pas de quoi inspirer des combats qu’il faut poursuivre plus que jamais aujourd’hui ?

  • Film : « Les Marcheurs, Chronique des années beurs » de Samia Chala, Naïma Yahi et Thierry Leclère (2013 – France – 52’).
  • Débat : En présence de Kaïssa Titous et Driss El Mkadem, militants antiracistes et acteurs des mobilisations de l’époque.
  • Participation aux frais : 3 € (abonné-e-s) ou 4€ (non-abonné-e-s).

À propos du film (synopsis) : Qui se souvient de cette improbable poignée de marcheurs « pour l’égalité et contre le racisme » partis sur les routes de France, en octobre 83, dans l’anonymat, pour finir en apothéose à Paris, près de 100 000 personnes à la Bastille, et le palais de l’Élysée sur la ligne d’arrivée ? Rengainez, on arrive, la chasse est fermée” clamait la Marche qui répondait aux violences policières et aux nombreux crimes racistes qui avaient marqué le début des années 80.

Roman de la « génération beur », Les Marcheurs revisite cette histoire méconnue et raconte l’irruption sur la scène publique des jeunes arabes de la « seconde génération », leurs espoirs comme leurs désillusions, leur âpre combat pour être reconnus comme des Français à part entière et rappeler ainsi le long processus d’enracinement des Maghrébins en France. Djamel Attalah, Farida Belghoul, Christian Delorme, Djida Tazdaït, Kaïssa Titous, Abdelaziz Chaambi.


« Les Marcheurs, Chronique des années beurs… » extrait n°2 par publicsenat

D’anciens marcheurs et acteurs de cette époque témoignent, aux côtés d’écrivains et d’artistes emblématiques de la « génération beur » comme Azouz Begag, Rachid Taha et Magyd Cherfi. Les Marcheurs raconte la prise de parole des enfants de l’immigration. Leurs échecs, leurs réussites et leur âpre combat jusqu’à aujourd’hui, pour être reconnus comme des Français à part entière.

  À propos du débat et en manière d’introduction : nous reproduisons ci-dessous la « bande-annonce » en 300 mots de notre collectif D’ailleurs Nous Sommes d’ici 37 publiée dans les carnets d’Avril des Studio Cinémas.

« La France, c’est comme une mobylette, pour avancer, il lui faut du mélange »

Voici plus de 30 ans, sur fond de crise économique et de montée du chômage, la Marche pour l’Égalité et contre le Racisme (octobre-décembre 1983) et sa suite motorisée Convergence 84 (novembre 1984) ont marqué l’histoire des luttes de l’immigration et des quartiers populaires en France. Pourtant, malgré l’actualité toujours brûlante des revendications portées par les jeunes marcheuses et marcheurs de l’époque, la mémoire de leurs mobilisations ne s’est pas transmise aux nouvelles générations.

Affiche Convergence 84 : cliquer sur l'image pour plus d'infos (site-source)

Affiche Convergence 84 : cliquer sur l’image pour plus d’infos (site-source)

Après la Marche de 1983 interpellant les pouvoirs publics sur la question des crimes racistes et des violences policières, Convergence 84 s’adressait à l’ensemble de la société française, exigeant pour toutes personnes résidant sur le territoire l’égalité réelle, tant politique que sociale, à travers une citoyenneté enfin déconnectée de la nationalité. Les revendications spécifiques de cette jeunesse venaient reformuler celles des pères immigrés mobilisés pour la dignité, au sein du mouvement ouvrier, et dans l’industrie automobile en particulier.

Sans jamais s’éteindre, ces luttes se sont émiettées, minées par le clientélisme, les récupérations et trahisons dont elles ont continuellement fait l’objet. Dès 1984, la petite musique à succès du slogan « Touche pas à mon pote » recouvrait le bruit des revendications égalitaires concrètes. Comble de l’ironie, en 2014 l’ancienne militante déçue de Convergence 84, Farida Belghoul, prenait la tête des réactionnaires « Journées de Retrait de l’Ecole », contre la promotion de l’égalité des sexes à l’école.

Voici plus de 30 ans que les pouvoirs publics n’en finissent plus de reconduire des politiques discriminatoires, répressives et liberticides, aggravant cyniquement au nom du « vivre ensemble », les conditions sociales du racisme. Il est grand temps de reconstruire un mouvement autonome des quartiers populaires nourri par la mémoire des luttes antérieures, et à même d’agréger la plus large solidarité, jusqu’à transformer politiquement la société française.