Accusations et menaces contre les associations d’aide aux migrants

Notre Collectif D’ailleurs Nous Sommes d’Ici 37 relaie le communiqué ci-dessous en totale solidarité avec l’Association Chértiens-Migrants et le Réseau Education Sans Frontières d’Indre-et-Loire (RESF37), s’associant ainsi aux premiers soutiens exprimés (cf. signataires en fin de texte).

Solidarité Campement Sanitas Photo La Rotative

 

→ L’Association Chrétiens-Migrants

→ Le Réseau Education Sans Frontières  d’Indre-et-Loire (RESF37)

Communiquent :

ACCUSATIONS ET MENACES CONTRE LES ASSOCIATIONS D’AIDE AUX MIGRANTS

Dans un article du 19 décembre 2015 de La Nouvelle République du Centre-Ouest qui relate avec précision ses propos, le Préfet d’Indre-et-Loire se livre à de graves insinuations et accusations contre des associations (qu’il se garde de nommer) qui sont solidaires des migrants dans notre département.

Que lit-on en effet sous le titre : « Appel d’urgence, le Préfet irrité » ?

Le Préfet exprime « son irritation vis à vis d’associations qui mettraient l’État et l’Entr’Aide Ouvrière dans la difficulté en faisant venir des familles, notamment tchétchènes, sans aucun contrôle ni possibilité de prise en charge »
Selon lui, « il n’est pas convenable d’accueillir des familles [……] par des circuits parallèles ».
Selon la Nouvelle République qui rapporte ses paroles, le Préfet espérait même, à haute voix, que l’accueil de ces familles …. « ne soit pas lié à des réseaux ».

Ces accusations ignobles, qui seraient diffamatoires si les associations mises en cause étaient nommées, les désignent comme complices ou parties prenantes de réseaux de passeurs .Ces réseaux criminels sont désignés comme des « trafiquants d’êtres humains » selon les termes de la loi.

Nous ne pouvons pas croire que le Préfet pense une minute ce qu’il déclare. Peut-on imaginer que de simples associations bénévoles aient le pouvoir de déclencher les « flux migratoires » dont s’effraie l’Europe entière ?
Non, bien sûr.

Ces accusations sont purement et simplement des menaces. En effet, le Code de l’entrée et du séjour des étrangers définit dans son article L 622 une dizaine de délits pénaux sous le titre d’« aide au séjour irrégulier », parmi lesquels le plus grave concerne les filières et réseaux de passeurs.

Le Préfet aurait-il l’intention de traduire telle ou telle association en correctionnelle, comme cela vient d’être fait dans les Alpes Maritimes où une militante de la Cimade vient de se voir infliger une lourde amende sans sursis pour le simple fait d’avoir transporté des personnes sans papiers dans sa voiture ?

Par ailleurs le Préfet tente de monter les associations les unes contre les autres désignant l’Entr’Aide Ouvrière comme victime des attaques des autres associations. Or ce qui est en cause, ce n’est pas l’association Entr’Aide Ouvrière elle-même mais la gestion du 115 (dispositif d’État) qui faute de crédits suffisants de l’État se trouve dans l’impossibilité d’héberger toutes les personnes à la rue.

C’est ainsi qu’un certain responsable de l’hébergement d’urgence a trouvé une « solution » très simple : mettre à la rue des personnes actuellement hébergées pour les remplacer par d’autres. Ce turn over de la misère est inacceptable : la direction d’Emergence qui applique avec zèle ce procédé infâme sur ordre de la Préfecture a déjà été dénoncée par les associations et des salariés de l’Entr’Aide Ouvrière.

Ces attaques, venant de la plus haute autorité de l’État dans le département, s’inscrivent dans un contexte politique plus large :

  • au niveau européen, après quelques discours généreux, contrôle des arrivées et fermeture des frontières avec création de nouveaux camps de rétention à la périphérie de l’Europe.
  • au niveau français l’état d’urgence, dont on nous annonce la prorogation, donne aux Préfets des pouvoirs exorbitants qui s’exercent contre des militants, des étrangers et des personnes sans papiers (notamment perquisitions brutales aux domiciles de familles étrangères dans l’Isère, rafles de travailleurs immigrés dans un foyer d’accueil parisien…).

Nous réaffirmons notre solidarité active avec tous ceux que le pouvoir traite en « Indésirables » et constitue en boucs-émissaires de tous les dysfonctionnements sociaux. Et nous continuerons à exercer cette solidarité malgré les intimidations et les menaces car c’est cela que nous jugeons « convenable et constructif » pour reprendre les propos du Préfet.

Fait à Tours, le 24 décembre 2015

Avec le soutien de : Section syndicale SUD de l’Entr’Aide Ouvrière, ATTAC TOURAINE, NPA 37, C’est Au Tour(s) du Peuple, UJFP, Des Individus en Lutte, Sud RAIL Centre Val de Loire, L’Engrenage, Solidaires 37, UD CGT 37, DAL 37, LDH 37.