Dans son article « Retour sur le rassemblement du 18 mai 2015 en mémoire de Zyed et Bouna » le site collaboratif d’informations locales La Rotative rend compte de notre contribution tourangelle à la mobilisation pour Zyed et Bouna appelée nationalement, au jour du verdict rendu dans le procès des deux seuls policiers mis en cause, après 10 ans de procédure.
Sous le choc de la relaxe des policiers prononcée dans l’après-midi, nous avons alors tenu à redire, en mémoire de Zyed et Bouna, toute notre solidarité avec leurs familles et proches. Il s’agissait aussi de rappeler la nécessité d’élargir et de mener politiquement, dans la durée, le soutien au combat pour la Vérité et la Justice de toutes les familles et proches de victimes mortes ou mutilées dans le cadre d’une intervention policière litigieuse.
Ci-dessous les termes de notre intervention telle que rapportée dans l’article à retrouver en intégralité sur le site de La Rotative :
« Ce qui est arrivé à Zyed et Bouna, ce qui arrive à tant d’autres victimes, n’est pas une fatalité, ni accidentel. C’est le résultat de politiques menées par tous les gouvernements successifs depuis plus de trente ans. C’est le résultat de pratiques sécuritaires discriminatoires que dénonçaient déjà les jeunes mobilisés pour l’égalité et contre le racisme lors de la grande marche de 83. C’est le résultat de violences exercées par la police sous la responsabilité et au nom de l’État, qui par conséquent presque toujours les couvre, judiciairement. Une violence d’État obéissant trop souvent à des ressorts racistes, lorsqu’elle commence par des contrôles policiers abusifs, répétitifs, pratiqués quotidiennement au faciès, en fonction de la couleur de la peau, en fonction de l’origine ou de la religion réelles ou supposées, en fonction de l’habillement, en fonction du quartier. C’est bien cela qui a fait fuir jusqu’à les tuer Zyed et Bouna, c’est bien la peur de cette violence causant régulièrement, au-delà du harcèlement et de l’humiliation, des blessures pouvant aller jusqu’à la mutilation (avec la banalisation de l’usage de flashball) et à la mort. »
Une réponse a été faite à l’ignominie du propos de Marion Maréchal-Le Pen pour qui ce jugement prouverait qu’en 2005 « la racaille avait bien mis la banlieue à feu et à sang par plaisir », quand on pourrait plutôt voir dans ce verdict la preuve que les jeunes révoltés d’alors avaient raison de ne pas croire en « la justice de ce pays » à laquelle les familles ont toujours au contraire voulu se fier. Il a aussi été question des politiques d’immigration meurtrières, aux frontières extérieures, où s’écrasent et meurent nombre de migrants, confrontés là encore à une violence policière militarisée. Tandis qu’à l’intérieur du territoire aussi, des « frontières » séparent les centres-villes des quartiers populaires périphériques où sont relégués, parmi les plus pauvres, celles et ceux qui génération après génération, ne sont jamais tout à fait considérés ni traités comme des citoyens français à part entière. Discriminés au logement, à l’éducation, au travail, aux loisirs et pour enfoncer le clou, face à la police et à la justice.
« Nous sommes donc ici pour Zyed et Bouna, morts électrocutés dans ce transformateur il y a 10 ans ; pour leur ami Muhittin gravement blessé qui a survécu mais reste douloureusement marqué à vie ; nous sommes ici pour toutes les victimes de cette violence et de ce racisme d’État ; nous sommes ici enfin pour tous les proches, menant pour obtenir vérité et justice des luttes si éprouvantes et si souvent déçues, aussi cruellement qu’aujourd’hui. »
« Nous voulons dire à ces familles frappées par la même injustice toute notre solidarité, d’abord pour les renforcer dans leur courage d’agir, de poursuivre le combat jusqu’au bout. Et ensuite parce que l’enjeu est politique, au sens premier du terme, en ce qu’il concerne chacune et chacun d’entre nous ; en ce qu’il concerne toute la société, une société au sein de laquelle nous voulons que les choses changent radicalement, pour une égalité réelle entre toutes et tous. Notre détermination à cette fin doit être sans borne. Notre solidarité avec les familles des victimes de la violence et du racisme d’État doit être sans borne. »
« Zyed et Bouna on n’oublie pas ! »
« Police partout, justice nulle part ! »
« Pas de justice pas de paix ! »