Ce communiqué du Réseau Éducation Sans Frontières d’Indre-et-Loire (RESF 37) daté du 19/03/15 a été diffusé à la presse et a fait l’objet d’une prise de parole à l’occasion de la manifestation du 21 mars « Ensemble contre tous les racismes et le fascisme, l’égalité ou rien » à Tours.
Les « papiers », en avoir ou pas.
De la discrimination légale au racisme d’Etat.
On les appelle « migrants », « demandeurs d’asile », « sans papiers »… Ils peuvent être les trois à la fois. Leur lot commun : la manière dont les pouvoirs les traitent – toujours mal, victimes de rejets et d’exclusion.
A la racine de cette maltraitance, la discrimination légale, celle qui fait de tout étranger, surtout s’il n’est ni européen ni riche, un « non citoyen », dont le statut est régi par une sorte de « sous Droit », le Droit des étrangers, qui le maintient sous la coupe de l’arbitraire administratif.
Les lois et les règlements qui permettent au pouvoir politique de refuser à un migrant le droit de vivre ici, sur le seul critère de sa nationalité, n’est que l’habillage juridique du rejet de l’étranger. Un rejet fondé, non sur la peur instinctive de l’Autre », mais sur l’affirmation d’une domination. Exploitable sans limites, expulsable à tout moment, vulnérable et précarisé au plus haut point, le « sans papiers » est exposé à toutes les humiliations quotidiennes qui constituent ce qu’on appelle le racisme d’Etat. Cette forme de racisme se distingue du racisme « ordinaire », (qui est le rejet de celui qui est visiblement différent de soi), parce qu’il cible, stigmatise, discrimine et exclut des personnes au nom d’une pure logique administrative. Celles et ceux qui n’ont pas le bon « papier » ou le bon état civil, ne peuvent prétendre à aucun des droits et à aucune des protections garantis – et réservés – aux citoyens. Quelques exemples :
– Au mineur isolé, s’il est étranger, le service départemental de la protection de l’enfance oppose la suspicion systématique de sa minorité.
– Au demandeur d’asile en quête d’un hébergement, le service de la cohésion sociale répond : faites le 115. Qui répond à son tour, après 15 appels, qu’il n’y a pas de place. Actuellement à Tours, une vingtaine de migrants ne trouvent pas d’abri pour la nuit. A la fin de la trêve hivernale fin mars, ce seront 40 ou 50 personnes au minimum qui se retrouveront à la rue. Certes tous les sans abri ne sont pas des immigrés, mais ce gouvernement laisserait-t-il ainsi ces personnes sans toit, si ce n’étaient pas des migrants ?
– A la mère de famille qui sollicite des bons alimentaires pour ses enfants, le CCAS de Tours refusera tout secours à partir du mois de juin.. si c’est une maman « sans papiers ».
– Au travailleur étranger qui sollicite le renouvellement de sa carte de séjour, la Préfecture oppose un refus au motif qu’il ne peut présenter, comme justificatif de son travail, que des feuilles de paie d’entreprises d’Intérim. Pas de CDI à plein temps, pas de droit au séjour. Pas de droit au séjour, pas de droit au travail… C’est ainsi l’Etat lui-même qui alimente la source du travail au noir et de la surexploitation, au lieu de la tarir. A quand la véritable abolition de l’esclavage ? Le Réseau Education Sans Frontières d’Indre-et-Loire, confronté tous les jours à ces détresses et à ces injustices, appelle toutes celles et tous ceux que cette politique systématique de rejet révolte, à se joindre à
La manifestation antiraciste du 21 mars 2015 à Tours.
Rassemblement Place Jean Jaurès à 15 heures.
RESF37, Tours le 19 mars 2015