Ce communiqué du Collectif des Travailleurs Sans Papiers d’Indre-et-Loire (CTSP 37) a été diffusé à la presse à l’occasion de la manifestation du 21 mars « Ensemble contre tous les racismes et le fascisme, l’égalité ou rien » à Tours.
Le combat des travailleurs « sans papiers » pour la régularisation se révèle de plus en plus difficile et incertain.
- Il n’est pas acceptable que, sur la trentaine de membres du CTSP 37 constitué en juillet 2011, 8 d’entre nous seulement aient pu obtenir une carte de séjour « salarié », au bout de démarches souvent longues, et avec l’obligation d’en demander le renouvellement tous les ans – occasion pour la préfecture de multiplier ses exigences : non prise en compte des périodes de chômage et refus de comptabiliser le travail intérimaire… alors que toutes les statistiques sur l’emploi indiquent que ce sont les travailleurs étrangers qui sont les plus précarisés.
- Parmi les travailleurs sans papiers du Collectif qui n’ont pas été régularisés, ou dont le titre de séjour n’a pas été renouvelé, nous sommes 6 à résider en France depuis 10 ans et plus. Lorsque nous avons pu être en « situation régulière », nous avons travaillé le plus souvent dans des métiers difficiles et mal payés comme les travaux publics, le bâtiment, le nettoyage, et aussi dans la restauration ou l’hôtellerie, où l’on « ne compte pas ses heures » comme on dit. Nous avons payé nos impôts et nos cotisations sociales… mais dès que manque la carte de séjour, plus aucune indemnité, plus aucune prestation sociale.
- C’est alors l’engrenage de la pauvreté et de l’exclusion. Loyers impayés, expulsions locatives, hébergement aléatoire, recours aux aides de survie… avec, à la clé, le reproche d’être des « assistés », alors que nous ne demandons que le droit au séjour pour pouvoir assurer notre existence autonome.
- Ces difficultés ne tiennent qu’aux refus de nous « régulariser », refus qui sont bien la preuve que la circulaire Valls de novembre 2012, qui, sous certaines conditions, permet de délivrer des cartes de séjour aux parents d’enfants scolarisés et aux conjoints d’étrangers (5 d’entre nous ont pu en bénéficier), cette circulaire est un leurre pour les travailleurs célibataires. En effet, pour eux, toute la procédure repose sur les employeurs, qui sont plus enclins à profiter d’une main d’œuvre sans droits, qu’à mener jusqu’au bout les demandes légales d’autorisation de travail.
Cette politique délibérée d’exclusion – avec la menace constante de l’arrestation et de l’expulsion du territoire – est inspirée par une xénophobie d’Etat qui se manifeste par un système organisé de discriminations.
Nous appelons toutes celles et tous ceux que cette politique et ces méthodes révoltent à participer à la manifestation antiraciste du samedi 21 mars à Tours. Rassemblement à 15 heures Place Jean Jaurès.